L’astronaute de l’ESA Thomas Pesquet a pu sentir depuis l’espace des objets… restés aux Pays-Bas !

Ce 31 janvier 2017, Thomas a participé avec succès à l’expérience de télérobotique Haptics-2. La Station spatiale internationale a donc une nouvelle fois pu servir de banc d’essai à des technologies du futur, celles-là même qui permettront aux astronautes de contrôler à distance des robots mobiles sur une nouvelle planète, depuis leur vaisseau spatial resté en orbite. Dans le cadre de l’expérience, l’expert au sol et l’astronaute à bord de l’ISS ont réussi à sentir la force qu’ils ont chacun exercée sur un joystick connecté, capable de transmettre des réactions sur de très grandes distances.

Credits: ESA–G. Porter

Credits: ESA–G. Porter

Côté Station spatiale, l’expérience s’est déroulée dans le laboratoire européen Columbus, où Thomas a d’abord installé le joystick. Un double se trouve aux Pays-Bas, à l’ESTEC, le centre de l’Agence spatiale européenne spécialisé dans la technologie spatiale. Actionner l’un des deux dispositifs jumeaux fait automatiquement bouger l’autre et transmet avec précision la force exercée, malgré l’éloignement des deux appareils. Les opérateurs sont donc en mesure de se « serrer la main » et de sentir les mouvements de va-et-vient des joysticks, et ce à des centaines de kilomètres de distance.

Thomas Pesquet et le spécialiste de l’ESA au sol Thomas Krüger ont commencé par démontrer le bon fonctionnement du système en bougeant les joysticks chacun de leur côté – « Une poignée de main ferme ! » a alors commenté le Français. L’astronaute a ensuite passé une heure à évaluer son ressenti des différents matériaux successivement apposés au joystick des experts à l’ESTEC. Pour chaque manipulation, il a donné une note de 1 à 10 selon la rigidité discernée. Ces données vont à présent permettre aux spécialistes d’analyser la précision avec laquelle les astronautes perçoivent la rigidité d’un objet à distance.

Credits: ESA–J. Harrod

Credits: ESA–J. Harrod

Les résultats de cette expérience vont ouvrir la voie à des opérations de télérobotique plus complexes à l’avenir. Manipuler un robot mobile sur Mars reste à ce jour très chronophage : il faut en moyenne 14 minutes pour qu’une commande atteigne la Planète rouge… Dans le cadre de l’exploration spatiale, des rovers seront certainement envoyés en reconnaissance sur le terrain avant les astronautes eux-mêmes. C’est à de telles situations que se prépare déjà l’ESA et l’expérience Haptics-2, auquel vient de participer Thomas Pesquet, ne constitue qu’une composante de « Meteron ». Ce projet de l’Agence spatiale européenne développe les outils qui permettront de contrôler des robots mobiles à distance depuis l’orbite d’une planète. La conception d’un logiciel dédié au contrôle robotique, le développement d’un internet de l’espace suffisamment robuste ainsi que d’une interface matérielle sont au programme.