Press conference. Credits: ESA

Pendant la conférence de presse. Photo : ESA

Le jour du lancement, l’astronaute de l’ESA Thomas Pesquet et ses coéquipiers suivent un programme fixe jusqu’au décollage de leur Soyouz MS-03. Sauf mention du contraire, toutes les horaires de cet article rapportent à l’heure locale à Baïkonour, soit CET+5.

Pour commencer, ils quittent leur chambre de l’Hôtel des Cosmonautes à 19h30 (soit 14h30 heure de Paris) et en signent la porte, comme le veut la tradition. Leurs proches partent à 20h, ce qui laisse au trio une dernière demi-heure de tranquillité avant de prendre le space bus à 20h30.

L’équipage arrive alors au « Bâtiment 254 » pour enfiler leur scaphandre Sokol, qui les protège en cas de feu ou de perte de pression dans le Soyouz. Il a été conçu pour être porté en position assise et rend la marche difficile ; Thomas, Peggy et Oleg s’avanceront donc courbés vers la fusée. Pour prévenir d’éventuelles fuites, le Sokol est plié et attaché par des bandes élastiques, comme le montre la vidéo ci-dessous. Chaque astronaute porte à la main un petit appareil de ventilation à batterie relié par un tube au scaphandre, pour compenser la chaleur à l’intérieur de ce dernier.

 

Soyuz MS-03 ready for launch. Credits: ESA

Le Soyouz MS-03 prêt pour le lancement. Photo : ESA

À 21h20, cinq heures avant le lancement, les techniciens commencent le processus de ravitaillement pendant que les astronautes vérifient l’étanchéité de leur scaphandre et que les médecins de vol enregistrent leurs données médicales. Quatre heures avant l’heure H, de l’oxygène liquide est introduit dans les propulseurs de la fusée.

À 23h20, à H-3, les astronautes reprennent le space bus pour rejoindre le pas de tir. Le trajet dure 25 minutes. L’équipage font un dernier signe d’au revoir avant de prendre l’ascenseur qui les amène en haut de la fusée, à cinquante mètres du sol.

À H-2, une fois installés dans leur cabine, Oleg, Thomas et Peggy établissent la communication avec le centre de contrôle du lancement. Il est temps pour les proches de prendre un petit-déjeuner avant de rejoindre le site d’observation.

Les astronautes passent les deux dernières heures à attendre la fin du ravitaillement, vérifier les systèmes et s’assurer que tout est prêt. Ils écoutent de la musique choisie par leurs soins au préalable.

Voici les 14 morceaux sélectionnés par Thomas.

L’écoutille est fermée 1h45 avant le lancement. À 45 minutes du décollage, les structures de soutien sont partiellement abaissées, on passe des tests d’étanchéité et prépare les procédures de vol.

Une demi-heure avant le lancement, le système d’évacuation d’urgence est opérationnel. Cinq minutes plus tard, les tours de montage sont abaissées. Sept minutes avant le décollage, toutes les opérations en aval du lancement sont terminées et le programme de lancement automatique est activé une minute plus tard.

Cinq minutes avant le décollage, le vaisseau Soyouz prend le contrôle complet et Thomas, Oleg et Peggy rabattent leur casque. Deux minutes avant le lancement, le ravitaillement en oxydant et en azote est terminé. À une minute du décollage, le Soyouz passe à une alimentation électrique interne par batteries.

Vingt secondes avant le départ, la commande de lancement est donnée et  les liaisons ombilicales attachées à la fusée sont relâchées. Cinq secondes avant le décollage, les propulseurs brûlent à plein feu.

Le décollage

La fusée Soyouz délivre une puissance de 26 millions de chevaux pour atteindre une vitesse orbitale de 28 800 km/h. Après l’allumage des moteurs, ils vont propulser le trio à 1640 km en moins de 10 minutes, gagnant en moyenne 50km/h de vitesse par seconde sur neuf minutes.

Credits: ESA

Photo : ESA

Trois étapes sont nécessaires pour atteindre l’orbite terrestre et chacune correspond à un étage de la fusée qui a consommé son carburant et retombe alors vers la Terre après éjection. Les quatre fameux propulseurs constituent le premier étage. Il leur suffit d’à peine deux minutes pour brûler et délivrer leur puissance. À ce moment-là, Thomas, Oleg et Peggy voleront à 41 km de haut à une vitesse de 8300 km/h et auront voyagé l’équivalent de 39 km sur terre depuis le pas de tir.

Environ 30 secondes plus tard, la coiffe et le système d’évacuation sont eux aussi éjectés. Le carburant du second étage est entièrement consommé à peu près cinq minutes après le décollage et retombe vers la Terre à une latitude de 176 km, après avoir amené le trio à une vitesse de 13 500 km/h. En cinq minutes, ils auront déjà voyagé l’équivalent de 500 km sur terre…  À titre de comparaison, c’est la distance qui sépare Paris de Bordeaux à vol d’oiseau !

Le moteur du troisième étage est mis à feu pour donner la dernière poussée afin de tourner en orbite. A presque neuf minutes du décollage, la phase d’accélération intense se conclue par l’éjection du troisième étage. Après cette ultime secousse, Thomas et ses coéquipiers ressentiront les effets  de l’impesanteur et continueront leur voyage vers la Station spatiale internationale.