La dernière promotion d’astronautes de l’Agence spatiale européenne (ESA) dont Thomas fait partie a été désignée en mai 2009… Quand il s’envolera vers l’ISS, le mois prochain, sept ans se seront donc écoulés entre l’annonce de sa sélection et le début de sa mission ! Pourquoi la formation d’un astronaute dure-t-elle si longtemps ? Retour sur les grandes étapes de sa longue préparation.

New ESA astronauts in 2009. Credits: ESA–S. Corvaja

La nouvelle classe d’astronautes de l’ESA en 2009. Photo : ESA – S. Corvaja

 

Fin 2009, Thomas a rejoint en compagnie de ses cinq nouveaux collègues de l’ESA le Centre européen des astronautes (EAC), situé à Cologne (Allemagne). Retrouvez plus d’informations sur le processus de sélection sur le site de l’ESA.

Practising medical procedure. Credits: ESA–D. Baumbach

Simulation d’intervention médicale. Photo : ESA-D. Baumbach

L’entraînement de tout astronaute européen débute par 18 mois de formation de base : il s’agit d’acquérir des compétences interdisciplinaires essentielles aux vols spatiaux habités, avant d’être assigné à une mission. Thomas a ainsi suivi des cours intensifs aussi bien en informatique qu’en mécanique spatiale, ou encore sciences des réseaux. Il a par exemple eu en janvier 2010 un cours sur les techniques et procédures médicales de base. Il a également étudié les principaux systèmes de la Station spatiale, de la navette qui l’y emmènera et de la capsule Soyouz grâce à laquelle il reviendra sur Terre.

Thomas underwater training. ESA–H. Rueb

Thomas dans le bassin d’entraînement. Photo : ESA – H. Rueb

La maîtrise du russe a nécessité trois mois d’apprentissage intensif et constitue, selon Thomas, la partie la plus laborieuse de la formation de base. En plus d’un mois en immersion dans une famille à Saint-Pétersbourg, en Russie, les six astronautes ont en effet passé deux mois studieux à travailler leurs déclinaisons russes.

À Cologne, Thomas a suivi des cours de plongée dans le bassin de l’EAC (Neutral Buoyancy Facility). Lui qui pratiquait déjà ce sport pour le plaisir a découvert un équipement sous-marin d’un tout autre type : les séances d’entraînement sous l’eau visent en effet à simuler des sorties extravéhiculaires dans l’espace grâce aux propriétés de la flottabilité neutre.

Thomas during parabolic flight. Credits: ESA–A. Le'Floch

Thomas pendant un vol parabolique. Photo : ESA – A. Le’Floch

 

Thomas a eu droit à son premier vol parabolique en mai 2010, en compagnie de ses collègues de promotion. Ils ont pu faire l’expérience de l’impesanteur à bord du « Zéro-G », un avion Airbus modifié qui permet aux pilotes d’effectuer des paraboles simulant des chutes libres et d’obtenir ainsi une vingtaine de secondes de microgravité.

Thomas during survival training. Credits: ESA–V. Crobu

Pendant un stage de survie. Photo : ESA – V. Crobu

Le groupe d’astronautes s’est ensuite attelé à un stage pas comme les autres : en juin 2010, ils ont passés deux semaines sous le soleil brûlant de la Sardaigne, seuls et sans assistance extérieure. L’exercice visait à acquérir des réflexes et stratégies de survie en cas d’atterrissage imprévu de la capsule dans une région isolée.

La formation initiale s’est achevée en novembre 2010 par la remise  d’un certificat des mains du Directeur général de l’ESA.

Collecting firewood for winter survival training. Credits: GCTC

Thomas ramasse du bois de feu pendant un stage de survie hivernal. Photo : GCTC

 

Thomas a continué sa formation en devenant Eurocom, c’est-à-dire relais européen des astronautes à bord de la Station spatiale. Ils constituent l’intermédiaire unique entre l’ISS et les ingénieurs ou scientifiques au sol et ont la responsabilité d’être toujours disponibles pour répondre aux questions des astronautes. C’est précisément à un Eurocom que s’adressera Thomas lorsqu’il sera lui-même dans l’espace.

La formation s’est accélérée, notamment sur les aspects techniques et physiques. Thomas a ainsi participé début 2012 à son premier stage de survie hivernal en compagnie de Samantha Cristoforetti et Luca Parmitano. Face aux températures glaciales de l’hiver russe et faute d’autres ressources, il leur a fallu construire un refuge en abattant des arbres eux-mêmes.

 

 

Cave art by Thomas. Credits: ESA–T. Pesquet

Art souterrain par Thomas pendant une séance CAVES. Photo : ESA – T. Pesquet

L’été suivant, Thomas a pris part programme de l’ESA CAVES. Ces séances de spéléologie destinées aux astronautes du monde entier permettent de simuler les conditions d’une mission spatiale : de l’exploration des grottes à la conduite d’expériences scientifiques en passant par le travail en équipe multiculturelle, le stage prépare les explorateurs à collaborer dans des environnements extrêmes.

 

 

Pool session with Orlan suit. Credits: GCTC

Séance d’entraînement en scaphandre Orlan. Photo : GCTC

 

Toujours en 2012, Thomas a suivi ses premières leçons de pilotage de la navette Soyouz qui l’emmènera dans l’espace.  Il a également appris à utiliser le scaphandre russe Orlan au cours de nouvelles séances de plongée.

 

 

Spacewalk training at NASA. Credits: NASA

Simulation de sortie extravéhiculaire à la NASA. Photo : NASA

 

Celles-ci se sont prolongées en 2013 au bassin du Johnson Space Center de la NASA, à Houston (Etats-Unis), où tous les modules de l’ISS sont reproduits à taille réelle. Ces installations ont permis à Thomas de s’entraîner pour des sorties extravéhiculaires très précises et d’accroître encore ses connaissances des différents systèmes de la Station spatiale.

Thomas during NEEMO 18. Credits: NASA

Thomas pendant la mission NEEMO 18. Photo : NASA

 

 

La collaboration avec la NASA s’est poursuivie avec la participation de Thomas aux missions sous-marines NEEMO au large de la Floride. Après avoir fait partie de l’équipe de soutien restée à la surface pour l’entraînement de son collègue de l’ESA Andreas Mogensen, , il est lui-même devenu « aquanaute » en passant neuf jours dans l’habitat sous-marin Aquarius, à 20 mètres de profondeur.

 

Water survival training. Credits: GCTC

Stage de survie en cas d’amerrissage du Soyouz. Photo : GCTC

Le 17 mars 2014, l’ESA a annoncé officiellement la mission Proxima de Thomas, prévue pour novembre 2016, au Ministère de l’Enseignement supérieure et de la Recherche. L’entraînement s’est donc encore intensifié pour Thomas : il lui faut maîtriser sur le bout des doigts non seulement le fonctionnement de la Station et des navette et capsule spatiales, mais aussi les expériences scientifiques qu’il mènera quotidiennement à bord. Thomas a de nouveau participé à des stages de survie, dans l’eau dans le cadre du programme d’entraînement russe ou encore en plein hiver, avec ses deux coéquipiers d’expédition, l’Américaine Peggy Whitson et le Russe Oleg Novitskiy.

Thomas a été doublure de l’astronaute de l’ESA Andreas Mogensen en 2015, c’est-à-dire prêt à le remplacer au pied levé à Baïkonour en cas de problème.

Les membres de l’équipage principal et leurs doublures pendant une conférence de presse. De gauche à droite : Aidyn Aimbetov, Sergei Volkov, l’astronaute danois de l’ESA Andreas Mogensen (équipage principal), Serguei Prokopyev, Oleg Skripochkan et Thomas Pesquet (équipage de secours). Photo : ESA – S. Corvaja

Les membres de l’équipage principal et leurs doublures pendant une conférence de presse. De gauche à droite : Aidyn Aimbetov, Sergei Volkov, l’astronaute danois de l’ESA Andreas Mogensen (équipage principal), Serguei Prokopyev, Oleg Skripochkan et Thomas Pesquet (équipage de secours). Photo : ESA – S. Corvaja

Notre astronaute s’apprête désormais à achever son entraînement à la Cité des étoiles à Moscou par une série d’examens finaux. Ils viennent couronner sept ans de formation intensive aux quatre coins du monde. L’espace reste un environnement extrêmement complexe à appréhender et l’exploration spatiale habitée n’a qu’un demi-siècle – de quoi justifier une si dense et longue préparation !